Je suis Product Owner et j’entends souvent : “Est-ce que vous pourriez développer cette fonctionnalité? Et celle-ci aussi?”, “Celle-là est indispensable!”, “Ah, j’ai aussi pensé à ça!”, etc... Pleins de gens ont de bonnes idées! Sauf que :
1 – On ne peut pas tout développer. Je ne sais pas vous, mais moi j’aimerais bien que les journées aient plus d’heures!
2 – A quoi ça sert d’ajouter des fonctionnalités encore et encore? Sur-développer ça a un coût.
3 – Si mon projet n’atteint pas ses objectifs, est-ce que je suis capable d’identifier le pourquoi et de proposer une nouvelle stratégie pertinente?
C’est au vu de ces 3 constats que j’aime utiliser les cartes d’impact. Cet article permet ainsi de comprendre ce que sont de telles cartes, mais également de savoir comment les réaliser, et ce, avec quelques conseils!
1 – Une carte d’impact, c’est quoi ?
Une carte d’impact est un graphique représentant des idées, des tâches, des mots, des concepts qui sont liés entre eux autour d’un sujet central.
Elle est créée de façon collaborative par des personnes d’expertises variées et facilitée en répondant aux 4 questions suivantes :
Question 0 : Pourquoi ?
Le niveau 0 de la carte d’impact répond à la question la plus importante : Pourquoi ? Pourquoi dépensons-nous de l’argent pour ce projet ? Pourquoi sommes-nous prêt à y dépenser de l’énergie ? Etc. C’est l’objectif que nous voulons atteindre. Il présente le problème à résoudre, pas la solution.
Voici un exemple de “Pourquoi ?” :
Tout au long de cette première partie, nous allons suivre un même fil rouge comme exemple. Nous serons dans l’univers des salles de sport et notre objectif ultime est d’atteindre 1 million d’abonnés d’ici fin janvier 2018.
Question 1 : Qui ?
Le 1er niveau d’une carte d’impact concerne les acteurs. C’est l’ensemble des parties prenantes internes et externes qui peuvent influencer notre objectif. S’intéresser aux acteurs permet ainsi de mieux répondre au besoin, mieux anticiper et mieux prioriser. Soyez spécifiques et éviter les termes comme “utilisateurs”. Pour les identifier, aidez-vous des questions suivantes :
Pour atteindre 1 million d’abonnés à notre salle de sport, les cadres qui travaillent aux alentours ainsi que les étudiants peuvent par exemple et potentiellement nous aider à atteindre notre objectif.
Question 2 : Comment ?
Le 2ème niveau d’une carte d’impact concerne les impacts que nous voulons créer, c’est-à-dire les comportements qui vont nous permettre d’atteindre notre objectif. Attention, ne confondez pas, il ne s’agit pas des fonctionnalités du produit. Ce deuxième niveau d’une carte d’impact répond aux questions suivantes :
Dans notre exemple, on peut imaginer que si les étudiants payent moins cher leur abonnement à la salle, il y en aura plus qui s’inscriront. Je vous laisse réfléchir à d’autres impacts potentiels.
Question 3 : Quoi ?
Le 3ème niveau d’une carte d’impact concerne les livrables et répond à la question :
Pour que les étudiants payent moins cher leur abonnement, nous pouvons par exemple réaliser des offres de parrainage. Il n’y a bien sûr pas qu’une réponse, l’idée est de trouver plusieurs hypothèses. Et n’essayez pas d’avoir des livrables complets tout de suite. Affinez-les petit à petit.
Au final, la carte d’impact ressemble à ça :
2 – J’aimerais en savoir plus sur les bénéfices d’une carte d’impact :
Une carte d’impact a de multiples rôles.
Le but n’est pas de réaliser tout ce qu’il y a sur la carte, mais de trouver le chemin le plus court qui mène à l’objectif. Il s’agit d’un point très important : chaque branche de la carte représente une hypothèse. Une fois la carte réalisée, vous priorisez les branches. Une fois qu’un livrable est sorti, on peut mesurer le changement de comportement et l’impact sur l’objectif global : continuons-nous à travailler sur cette branche ou testons-nous plutôt une autre? Si l’objectif est atteint, pas besoin de travailler les autres hypothèses de la carte. Si l’objectif n’est pas atteint, nous pouvons travailler sur une autre branche. En étant dynamique, la carte permet ainsi d’adapter sa stratégie au-cours du projet.
Elle permet également d’aligner les parties prenantes d’un projet sur une même vision globale. Au cours de l’atelier, les participants vont en effet créer une compréhension commune du périmètre, non pas d’un point de vue technique, mais d’un point de vue métier du produit/ service.
Personnellement, j’aime particulièrement bien un bénéfice que cite Gojko Adzic dans son livre “Impact Mapping: Making a Big Impact with Software Products and Projects”: “éviter le nombre de User Story (US) malhonnêtes”. Dans une US, le qui?, le comment? et le quoi? seront reliés; preuve à l’appui :
En permettant d’aller plus loin dans la réflexion, on détermine ainsi réellement ce qu’on veut voir fait avec chaque US, et on évite les US malhonnêtes du style “en tant que vendeur je veux vendre…”
Comme dernier rôle, je citerai que la carte d’impact permet de rendre les meetings plus efficaces car elle a recours à la facilitation visuelle. La participation augmente, l’image globale permet de comparer des idées, de découvrir des modèles et de trouver de nouvelles idées plus facilement; et la mémoire de groupe s’améliore.
Pour l’anecdote, sachez d’ailleurs que les questions sous-jacentes des cartes d’impact sont les mêmes que celles du processus de team building de Gibb Drexler Weisbord qui facilite une bonne discussion et amène différents rôles à travailler ensemble dans un même groupe. Vous allez pouvoir vous la péter!
3 – Je veux créer une carte d’impact avec mon équipe, comment m’y prendre?
Contrairement à ce que de nombreuses personnes le pensent, on ne crée pas une carte d’impact en une seule réunion !
Effectivement, je vous conseille de procéder en deux étapes. La première étape a plusieurs objectifs :
La deuxième étape, c’est l’atelier de création de la carte d’impact.
4 – J’ai un peu peur de me lancer…
Allez-y! C’est en faisant qu’on apprend. Voici quelques conseils :
Avant la réunion, commencez par sélectionner les bonnes personnes en invitant des personnes d’expertises différentes.
Pendant la réunion de création, n’allez pas dans le détail trop tôt, et surtout, ne critiquez pas trop; ça bloquerait la créativité du groupe. Ne sautez pas des niveaux : ne passez pas du pourquoi au comment par exemple; la carte d’impact perdrait alors tout son sens.
Plus tard, n’hésitez pas à réunir les personnes autour de la carte précédemment produite pour valider ou invalider vos hypothèses, mesurer l’atteinte des objectifs et adapter la stratégie si besoin.
Si grâce à cet article vous avez animé la création d’une carte d’impact, n’hésitez pas à nous donner vos feedbacks en commentaire!
Vous voulez en savoir plus? En apprendre davantage sur l’impact mapping grâce à un angle d’approche différent? Si c’est le cas, je vous conseille la lecture de « Impact mapping – Gardez le fil » de mon collègue Grégory Alexandre.
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[…] Article de Marine Cloux pour Goood! […]